Ces labels qui parasitent la bio

Ces labels qui parasitent la bio

Les labels, certificats et appellations autour des « filières de qualité » et du « local » foisonnent depuis quelques années, au point de brouiller de plus en plus les consommateurs, même les plus avertis.

 

La filière de l’agriculture biologique avec ses garanties autour de ses pratiques, qui sont pourtant les plus exigeantes, en sort avec une image dégradée et peine à se distinguer dans cette contre-offensive des filières conventionnelles, soutenues par la grande distribution dans le but de concurrencer les ventes.
Pour voir plus clair dans tout ça, un petit rappel est toujours utile sur les différents labels, les pratiques agricoles et procédures qui se cachent derrière les nominations comme « Haute Valeur Environnementale », le « Zéro Résidus de Pesticides », le local, la bio, l’agroécologie et autres « bonnes pratiques ».

 

La mention « Haute Valeur Environnementale » est une certification proposée par l’État depuis le « Grenelle de l’Environnement ». Selon le texte officiel, qu’on trouve sur le site du ministère de l’agriculture, elle peut être demandée par un exploitant agricole pour certifier que ses pratiques « préservent l’écosystème et limitent les pressions sur l’environnement ». La mention HVE n’interdit ni l’utilisation de pesticides de synthèse, ni la culture de tomates hors-sol sous serres chauffées ni l’élevage intensif en bâtiment fermé. Elle est très facile à obtenir au point que l’un des consultants et co-négociateurs de ce label, l’agronome Lionel Vilain, prend ses distances et le considère aujourd’hui comme une « arnaque ». Un collectif de sept associations environnementales et UFC Que Choisir ont saisi le Conseil d’État en janvier 2023 pour faire interdire le label HVE pour tromperie.

 

Le label « Zéro Résidus de Pesticides » est un label privé, qui a vu le jour en 2017 à l’initiative d’un collectif d’exploitants agricoles nommé « Nouveaux Champs ». Leur référentiel n’est pas consultable, ni en ligne, ni sur demande. Les pesticides de synthèse sont autorisés mais en quantité limitée en suivant deux listes conformes au cadre réglementaire. Le contrôle , qui n’est pas systématique, est fait par « Kiwa », un organisme de certification qui travaille dans tous les domaines de l’industrie, de la distribution automobile, jusqu’à l’industrie pétrochimique et gazière en passant par l’industrie minière.

 

Le « local » a le vent en poupe, dans toutes les régions, des producteurs s’en réclament, l’affichent sur les marchés. Or, « local » indique une proximité géographique plus ou moins proche entre un lieu de production et un lieu de vente, mais ne dit rien sur le mode de production. Les pratiques agricoles peuvent tout aussi bien être respectueuses des sols, de l’environnement et donc des consommateurs comme ne pas l’être du tout. Par ailleurs, le transport n’est pas le plus impactant puisqu’il représente 19 % du bilan carbone d’un aliment, contre 67 % pour le mode de production*.

 

Le label bio européen, encore appelé « Eurofeuille », qui est venu en remplacement du label français AB, se distingue clairement de toutes ces appellations mal définies avec son cahier de charges qui interdit strictement les productions hors sol, l’élevage intensif, les OGM et l’utilisation de produits chimiques de synthèse.
Mais l’agriculture biologique est bien plus que seulement l’absence de pesticides, surtout si elle est locale et non pas industrielle. Elle veille au bien-être des animaux, se soucie de la bonne santé biologique d’un sol fertile, des auxiliaires, des haies autour des champs. Produire en bio c’est entretenir et tenir compte de tout un écosystème, de la biodiversité et non pas juste l’exploitation d’un champ en vue d’un rendement maximal.

 

En tant que « consommacteur » exigeant et engagé, c’est bio ET local qu’il faut rechercher si on veut la garantie d’une bonne alimentation qui respecte l’environnement, la biodiversité ET le consommateur.

 

*Source : le chapitre 2 de « BD pour vos amis bioclimatosceptiques » réalisé par la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB).

 

Pour en savoir plus :
https://reporterre.net/Le-label-Zero-residu-de-pesticides-du-mieux-mais-pas-bio
https://revue-sesame-inrae.fr/haute-valeur-environnementale-les-promesses-decues-dune-certification/
Extrait de l’émission d’Hugo Clément sur le label HVE: https://www.youtube.com/watch?v=UervfaQ6zME

 

 

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